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Rencontre avec Maureen Ayité, créatrice de la marque Nana Wax

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Nana Wax connait un succès grandissant sur les réseaux sociaux auprès des amatrices (et amateurs !) de mode afro-européenne. Nous avons souhaité découvrir la créatrice et propriétaire de la marque : Maureen Ayité, profitant de son bref séjour à Paris pour organiser un tête à tête dans un café de Bastille.

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(MAW) Peux-tu te présenter en quelques mots ?

(M.A) Je m’appelle Maureen Ayité, j’ai 26 ans, je suis béninoise.

Quel a été ton parcours ? Quand as-tu décidé de te lancer ?

J’ai réalisé mes études au Bénin, en Côte d’Ivoire, et je suis venue à l’université ici. J’ai suivi une licence LLCE (Langues, Littérature & Civilisations Etrangères) spécialité espagnol puis j’ai participé à un échange au Costa Rica.

J’ai beaucoup voyagé. J’ai terminé par étudier en suisse la langue des sourds. Je devais faire mon stage en Bulgarie, à l’école des sourds, lorsque j’ai commencé à me consacrer davantage à ma passion.

J’ai créé un groupe facebook en 2008 « J’aime le pagne de chez moi » à travers lequel je présentais quelques modèles que je ne créais que pour moi-même.  Je présentais également d’autres créateurs. Les personnes suivant mon groupe facebook me demandaient souvent où acheter mes créations. Et là, je leur répondais que mes modèles m’étaient réservés et qu’ils n’étaient en aucun cas à vendre.  De plus en plus de personnes m’ont alors incitée à réaliser des ventes.

J’ai repoussé mon stage en me disant que j’allais profiter de ce délai pour proposer une vente privée et voir ce que ça donnait.

Plus de trois cent personnes se sont présentées à cette vente alors qu’il n’y avait pas tellement d’articles.

C’est à ce moment que j’ai commencé à lancer les ventes privées. Aujourd’hui, ça fait un an. Un an et un mois pour être exacte.

Es-tu particulièrement attachée au principe des ventes privées ?

Actuellement je mène mes activités de deux façons: je réalise des ventes privées à travers différents pays et je fournis en gros des boutiques et des sites internet.
Pour le moment je ne vends pas d’articles au détail sur internet, je ne dispose pas de suffisamment de temps pour me lancer dans cela.

J’organise, dès que je le peux, des ventes privées à travers différentes villes.

J’ai une boutique à Cotonou où mes clientes peuvent acheter les articles au détail.

Envisages-tu, à plus ou moins long terme, d’ouvrir des boutiques en Europe?

Oui, à plus long terme certainement… Mais cela ne fait pas partie de mes projets immédiats.  Dans un an ou deux, peut être, mais tout de suite.

Quelles sont tes influences?  D’où t’est venue cette inspiration ?

Je fais vraiment ce que j’aime.
Lorsque je croise une personne dans la rue, je me dis souvent que sa tenue serait beaucoup plus belle si elle était agrémentée de tissu pagne.
Je procède réellement par coup de cœur.
Je ne peux pas dire que je travaille autour d’un thème en particulier.

Les tissus que tu utilises proviennent du Bénin?

Oui du Bénin.

Exclusivement du Bénin?  

Non, je travaille majoritairement avec du tissu en provenance du Bénin mais également d’Afrique du Sud. J’ai aussi quelques tissus indiens.

Certaines de tes créations sont en madras.

Oui effectivement, mais aucun article en madras n’est disponible actuellement.

Que nous proposais-tu ce dimanche ?

Des vêtements, des accessoires, des pochettes, des chaussures, boucles d’oreilles, bracelets, un peu de tout…

Je ne propose pas réellement d’articles pour enfants, mais plutôt des accessoires pour bébé : des chaussons, des bavoirs, …

Je viens de commencer une collection homme : t-shirts et chemises… car la demande masculine est de plus en plus forte.

A quel public s’adresse tes créations ?

Mes articles sont créés à la base pour une clientèle assez jeune, je cible les 15- 30 ans, mais nous avons des clients de tous âges.
Après avoir étudié les statistiques des inscriptions aux ventes privées, je me suis aperçue que beaucoup de personnes plus âgées sont intéressées.

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Parviens-tu, à ce jour, à vivre de ta passion?

Oui absolument.
J’ai interrompu les études que je suivais justement pour pouvoir me consacrer entièrement au modélisme.

Quels conseils pourrais-tu apporter aux jeunes femmes qui souhaiteraient, elles-aussi, se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Il faut avant tout être persévérante dans ce que l’on entreprend.
Lorsque j’ai commencé mon activité, je ne disposais que de la bourse de la fac, soit cinq cent euros. C’est avec ce financement que j’ai réalisé ma première vente privée.

Je n’ai perçu aucune aide financière en provenance des parents, je n’ai souscrit à aucun prêt bancaire…
C’est avec ces cinq cent euros que j’ai démarré : location des salles, production des articles, etc. …
Nombreux sont ceux qui essayeront de vous mettre des bâtons dans les roues, de copier ce que vous faites.  C’est aussi pour cela qu’il est important de persévérer.

Tu soutiens un programme humanitaire, peux-tu nous en parler ?

Les entrées aux ventes privées sont payantes mais l’argent ne m’est pas destiné. Le montant des droits d’entrées s’élève à deux euros par personne. Ces fonds sont récoltés et entièrement reversés à différentes œuvres caritatives.

Nous reverserons l’argent récolté ce dimanche 20 avril à l’école de sourds de Porto Novo.

Je me suis rendue à la prison de Cotonou pour les fêtes de Noël. Le service Interpol béninois recueille les enfants abandonnés ou victimes de maltraitances. Ceux-ci sont logés au sein même du commissariat.

Ces enfants ne peuvent en aucun cas fêter Noël. J’y ai fait des dons de nourriture, de livres, de fournitures scolaires,…

Quelle vision as-tu de la mode africaine ?

La mode africaine ne se restreint pas aux boubous de nos mamans.

La mode africaine moderne s’adapte parfaitement à notre époque, elle puise sa richesse dans le métissage des cultures. C’est ce que j’essaie de montrer à travers mes créations.

Quels sont tes prochains projets ?

Je souhaite ouvrir deux nouvelles boutiques: l’une en Côte d’Ivoire et l’autre au Gabon. J’aimerais également réaliser davantage de ventes privées sur le territoire africain.

Terminons sur une tonalité légèrement polémique…  Certaines personnes t’ont reproché, via ta page Facebook, de ne pas proposer suffisamment d’articles grandes tailles. Quelle est ta réponse ? 

J’ai commencé ma marque il y a un an. C’est un projet encore jeune. Je ne pense pas qu’il soit possible, au bout de seulement une année, de proposer toutes les tailles.
En un an, j’ai réussi à faire beaucoup de choses et seule: j’anime la page Facebook, je travaille sur mes créations, je voyage énormément…  j’ai très peu de temps pour moi…
La dernière fois nous avons proposé une quinzaine de robes qui dépassaient le 44. Il ne s’en est vendu que trois, il nous en est resté douze. Les petites tailles partent très rapidement…
Là nous proposions des robes jusqu’à la taille 48…

Merci à Maureen pour sa disponibilité. Nous lui souhaitons bonne chance pour ses projets à venir.

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