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Noire : La vie méconnue de Claudette Colvin

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Pour la première fois, le Centre Pompidou propose une installation en réalité augmentée à la croisée des arts numériques et du spectacle vivant. Ce dispositif plonge le spectateur dans le sud des États-Unis, à l’époque de la ségrégation. Il suit Claudette Colvin, 15 ans, qui le 2 mars 1955 refuse de céder son siège à une passagère blanche dans un bus. Neuf mois plus tard, Rosa Parks réitère ce geste que l’histoire retiendra. Claudette Colvin, elle, sera oubliée. 

Pour comprendre « l’effacement » de Claudette Colvin, et au terme d’une longue enquête en forme de jeu de pistes, l’écrivaine et dramaturge Tania de Montaigne avait en 2015 publié Noire. La vie méconnue de Claudette Colvin (éd. Grasset, prix Simone-Veil). C’est cet essai biographique, adapté pour le théâtre par Stéphane Foenkinos en 2019, qui sert de matrice à l’expérience en réalité augmentée présentée en première mondiale au Centre Pompidou. Comme un prolongement pour transmettre l’histoire de Claudette Colvin, et poursuivre l’œuvre de réhabilitation initiée par l’autrice. Telle une passeuse, Tania de Montaigne prête sa voix et son visage à ce récit saisissant :

Prenez une profonde inspiration, soufflez, désormais vous êtes à Montgomery dans l’Alabama des années 1950…

Portrait de Claudette Colvin à l’âge de 14 ans. Aujourd’hui âgée de 83 ans, elle vit en Alabama.

Grâce à un léger casque de réalité augmentée et un casque à conduction osseuse, les hologrammes de Claudette Colvin et des personnages du récit prennent vie. L’espace est minimaliste, le plateau est quasi nu, et les objets suspendus, en équilibre, suggèrent par leur présence la fragilité d’une histoire à reconstruire.

L’espace est minimaliste, le plateau est quasi nu, et les objets suspendus, en équilibre, suggèrent par leur présence la fragilité d’une histoire à reconstruire. Sur un écran, des montages réalisés par Pierre-Alain Giraud mêlent archives, vidéos, bandes annonces et images originales. Des documents récoltés sur place, à Montgomery où Stéphane Foenkinos s’est rendu, sont des ponts entre monde réel et virtuel.

La musique et le son, spatialisé, jouent également un rôle essentiel dans l’installation immersive. Sont convoqués Nina Simone, Mahalia Jackson ou Ray Charles, dont les mélodies ont accompagné le mouvement des droits civiques. La bande son, mêlant textures sonores, archives, voix et musique originale a été conçue par Valgeir Sigurðsson (collaborateur régulier de Björk, notamment) et le designer sonore Nicolas Becker (Oscar du meilleur son en 2021). Pour Tania de Montaigne, « cette forme nouvelle est l’aboutissement formel de ce récit, la synthèse de mon écriture narrative, et la matérialisation du retour du refoulé qui m’a guidée, de ces mémoires fantômes qui hantent encore et toujours notre présent. [C’est] un instrument inespéré pour faire connaître l’histoire d’une femme ordinaire et extraordinaire, sa volonté de fer, sa fragilité, sa candeur au milieu d’une époque et d’un système absurdes ».

Conçue par Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud*, cette plongée dans l’histoire du mouvement des droits civiques aux États-Unis est une expérience saisissante.

Infos :

21 avril – 29 mai 2023
11h – 21h, tous les jours sauf mardis
Centre Georges Pompidou – Niveau 1
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris

A partir de 13 ans, réservation ici !

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